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Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/289

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LES NOCES SANGLANTES DE KIEW

— La parole d’un homme est toujours sa dernière, fit le czar avec hauteur. Laissez-moi passer.

Il éperonna son cheval en le poussant sur les mutins, qui s’écartèrent pour lui livrer passage. Alors Mak, le suivant, lui asséna, avec la rapidité de l’éclair, un coup de sabre sur la tête. Igor tomba de selle sans proférer un cri. Son cheval se pencha sur lui et poussa un hennissement étrange, qui ressemblait à un sanglot ; puis il s’élança en tempête au travers de la foule, et disparut.

Les boyards de Kiew avaient tous tiré leurs sabres, s’apprêtant à une lutte héroïque, lorsque Mak prit la parole.

— Le czar est mort, dit-il, un mort vaut-il la peine que des vivants s’entr’égorgent pour lui ?

Les gens de Kiew se consultèrent ; finalement, le plus ancien parla.

— Laissez-nous enterrer le mort, dit-il, et retourner tranquillement chez nous. Nous n’en demandons pas davantage.

— Qu’il soit fait comme vous le désirez, répondit Mak.

Tous, alors, remirent leurs sabres aux fourreaux.