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Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/295

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LES NOCES SANGLANTES DE KIEW

La czarine était assise à la petite fenêtre de sa tour, absorbée dans des rêves de vengeance, et laissait errer sa vue sur les lointains brumeux. Tout à coup, elle remarqua le mouvement dans la rue et en demanda la raison.

— Le Dniester a apporté un navire tout en or, lui répondit-on et, sur ce navire, des hommes vaillants, étincelants de pierreries. Ce sont les ambassadeurs que t’envoie le prince des Dérewlans.

— Je ne veux pas les voir, répondit la czarine en fronçant les sourcils, mon oreille est sourde à leurs prières. Renvoyez-les.

L’instant d’après, ses femmes revinrent :

— Les Dérewlans implorent la faveur de se jeter à tes pieds.

— La faveur serait grande en effet.

— Ils t’offrent, en expiation de la mort de ton époux, la main de leur prince, le vaillant Mak.

Olga regarda son interlocutrice de ses grands yeux clairs et perçants, dans lesquels une idée infernale étincela.

— Dis-tu vrai ? dit-elle enfin d’un air sombre.

— Aussi vrai que je vis.

— Alors, c’est autre chose. Amène-les-moi, je veux les entendre.