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Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/394

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L’AMOUR CRUEL.

sauver ton époux de la colère du sultan, à moins que Dieu ne fasse un miracle.

— Dieu fera le miracle.

— Et moi je te dis que ton époux mourra demain.

Les deux femmes se turent.

— Il est vrai, reprit la sultane, que Sabbathai pourrait sauver sa vie en se convertissant à notre foi.

— C’est ce qu’il ne fera jamais, riposta Miriam, car si Sabbathai n’est point le Messie, il est pourtant un saint.

— Qu’est-ce qui le prouve ?

— Je suis sa troisième épouse et jamais encore une femme ne reçut son amour.

— L’aimes-tu ?

— Je l’aime.

— En ce cas fais, avant l’aurore, de ton saint un homme. Ainsi tu pourras le sauver, mais non autrement. Mets-y toute ta ruse et le pouvoir de ta beauté, mais ne trahis pas que je t’ai donné ce conseil.

D’un geste nonchalant, la belle sultane congédia la juive qui s’agenouilla devant elle, les bras croisés sur sa poitrine, et quitta en hâte le sérail.