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Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/395

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SABBATHAI ZEWY


Miriam était tout à fait la femme qu’il fallait pour humaniser un saint. Elle avait réellement été volée par des Russes à ses parents polonais, puis baptisée et élevée au couvent. Mais la suite de sa vie n’avait été ni surnaturelle ni sainte, comme les partisans de Sabbathai se plaisaient à le raconter. Miriam s’était enfuie du couvent et rendue directement dans une maison de courtisanes.

Consacrée au culte de Vénus, elle parcourut la Pologne, l’Allemagne, l’Italie et la Hollande. À Amsterdam, elle retrouva son frère qu’elle suivit au Levant, espérant y faire fortune. Le sort voulut qu’elle y devînt, non la favorite d’un pacha, mais l’épouse de Sabbathai Zewy et, de courtisane frivole, reine d’Israël. Initiée à tous les artifices de la séduction féminine et à tous les mystères de l’amour, il lui avait été facile de tirer parti de la sainte folie de son époux, en simulant une froideur qui était loin de ses instincts naturels vis-à-vis d’un homme d’une beauté angélique.

Sa manière de traiter le fanatique jeune homme imposait à celui-ci des supplices incomparable-