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Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/402

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L’AMOUR CRUEL.

n’es pas le sauveur d’Israël, tu n’es pas le Messie.

Sabbathai ne répondit point, il était étendu sur le sol sans parole et sans mouvement.

Le lendemain matin, Sabbathai se trouvait en présence du sultan. Le commandeur des croyants, étendu sur des coussins brodés d’or, enveloppé de la pelisse de soie blanche bordée de renard noir que lui seul avait le droit de porter, et coiffé du turban vert avec la plume de héron ornée de diamants, regardait avec une visible curiosité, le célèbre Hébreu.

Un renégat juif lui servait d’interprète.

— Es-tu réellement le Messie envoyé par Dieu pour délivrer les Juifs et les ramener à Jérusalem ? questionna le sultan.

Sabbathai, saisi de terreur, ne répondit point.

— L’un de tes partisans a dit que je te suivrais comme l’esclave son maître. Ne le nie pas ! Mais moi, je te dis : « C’est toi qui seras mon esclave, aujourd’hui même, et je te décocherai trois flèches empoisonnées. Si elles ne te font aucun mal, je serai le premier à te reconnaître pour le Messie.