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Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/401

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SABBATHAI ZEWY

Sabbathai, si fort que le sang lui coula le long des tempes, puis elle le frappa cruellement avec la verge, et le sang rouge coula le long de son dos.

Mais Sabbathai ne sentait point la douleur. Il ne voyait que la femme qui se tenait devant lui, telle Vénus Anadyomène, dont le corps resplendissait comme de la lumière sous la sombre fourrure et dont les cheveux défaits flamboyaient comme de divines flammes autour d’elle.

— Tu es la femme que la Bathkol m’a destinée, cria-t-il.

— Tu dis vrai. C’est ainsi que le veut le Seigneur, et ce sera ta récompense.

En disant ces mots, elle jeta la verge sanglante, arracha la couronne et, en un transport de tendresse sauvage, entoura le jeune homme de ses bras blancs.

— Mon Dieu, mon Dieu, gémit Sabbathai.

Il était perdu.

Lorsqu’il revint à lui, des larmes brûlantes inondaient son visage.

— Femme, sanglotait-il, qu’as-tu fait de moi ?

— J’ai fait de toi un homme, répondit Miriam avec un sourire de triomphe, et c’est là mon plus grand miracle ; car, Sabbathai Zewy, tu