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Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/50

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L’AMOUR CRUEL

encore, avec cette expression étrange qui donnait le frisson. Quel mystère couvait en l’âme de cette femme ?

De temps à autre une lueur sinistre, infernale, montait du fond de cet abîme et, dans ses yeux, luisait le fanatique désir de réaliser l’épouvantable.

Toute la cour du czar s’était rassemblée dans la salle du trône, le conseil des boyards et la garde du corps.

Une mélopée barbare et monotone annonça l’arrivée du souverain. Il conduisait Narda par la main et lui fit lentement monter les degrés du trône.

Elle promena son regard sur toute l’assemblée.

— Hauts dignitaires de mon empire, dit le czar, nobles boyards, fidèles serviteurs de ma maison, apprenez quelle est aujourd’hui ma volonté. Depuis le lever jusqu’au coucher du soleil, je renonce à ma souveraineté sur vous et sur l’empire, et je la mets aux mains de Narda, mon esclave que voici :

Un mouvement de surprise passa sur l’assemblée.

— Seule, elle commande aujourd’hui, continua l’autocrate, seule, elle détient le pouvoir à Halycz,