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Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/49

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LA CZARINE NOIRE

La robe de soie blanche étincelante, ruisselait autour d’elle en une longue traîne. Une tunique rouge, richement ornée et doublée d’hermine, serrait étroitement sa taille et retombait en amples plis sur les hanches. Sa chevelure d’or reposait comme une couronne, sur son front.

— Eh bien, comment me trouves-tu ?

Wladimir l’entoura de son bras.

— J’ai peur de toi et de ton imposante majesté. La passion, le délire que tu allumes en moi, je les ressens comme une cruauté. Mais quelle volupté dans la violence que tu me fais ! La jouissance se change en tourment, le tourment, en joie. De toi, je subirais en silence les plus mauvais traitements. La mort même me serait une extase venant de toi.

Narda se croisa les bras et considéra Wladimir avec une troublante curiosité.

— Tu me provoques, dit-elle, tu es imprudent. Et si je te prenais au mot une deuxième fois ? Si je voulais éprouver jusqu’où va ton amour ? Si je te faisais fustiger comme un esclave, supplicier, tuer ? M’acclamerais-tu en mourant, comme un martyr, son Dieu ?

Le czar inclina la tête en silence. Elle le regarda