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Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/55

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LA CZARINE NOIRE

— Et pourquoi ?

— Pour le plaisir, répondit Tigris en faisant étinceler ses dents.

— J’ai, pour un jour, droit de vie et de mort, dit la czarine. Que vais-je faire de toi ?

— Fais-moi mourir. Je ne puis vivre ici, si je ne dois tuer personne. Mon cœur a soif de sang, comme le vôtre de baisers.

— Bien. Tu pourras te désaltérer, fit la czarine en frissonnant. Il n’est permis à aucun homme de porter une arme dans mes domaines. Je te fais grâce, Tigris. Tu seras mon bourreau.

La négresse poussa un cri sauvage, le cri d’une bête fauve.

Narda fit venir le maître du trésor, lui donnant l’ordre de préparer pour midi, les armes de sa garde d’après ses indications.

— Ce n’est pas possible, murmura le vieillard d’un air pensif.

— Tu le rendras possible, répondit Narda, sinon gare à ta tête !

Le visage de la négresse s’éclaira. Sur un mot de la czarine, on sortit des écuries impériales, les chevaux les plus fougueux. Les jeunes femmes, chacune portant un arc et un carquois en bandou-