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Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/56

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L’AMOUR CRUEL

lière et tenant une lance à la main, s’élancèrent sur le dos des nobles bêtes et quittèrent, joyeuses, l’enceinte du château, pour suivre leur maîtresse à la chasse à l’ours.

La forêt étendait au loin ses arbres blancs. La neige couvrait la terre comme un linceul, révélant les traces noires de l’animal. Les chiens furent découplés ; ils reniflèrent la piste et la suivirent jusqu’à la lisière du bois où elle se perdait. La czarine chevauchait avec ses femmes le long des arbres. L’aboiement de la meute leur apprit que la chasse avait commencé. Elles l’entendirent se rapprocher.

Tout à coup, l’ours montra sa tête ébouriffée derrière le taillis et avança deux pattes sur la lisière de la forêt. Deux chiens l’avaient saisi par ses petites oreilles. Il s’en débarrassa en une secousse et montra les dents.

Les amazones s’élancèrent en poussant des cris. Dix flèches sifflèrent : l’une atteignit la bête à l’œil, une autre alla se ficher entre ses côtes. Furieux, l’animal quitta l’abri de la forêt et, se jetant sur le cheval de la czarine, lui enfonça ses griffes dans le cou. Déjà le souffle de la bête embuait l’air autour de la jeune femme. Très calme,