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Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/58

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L’AMOUR CRUEL

courts qui retombaient sur son visage brun, à l’expression farouche.

— Que forges-tu ? interrogea Narda d’un ton d’autorité.

— Une épée.

— Pour toi ?

— Pour moi. Qui sait à quoi cela peut servir ?

Il se remit à l’ouvrage. Les étincelles jaillirent, l’enclume résonna. Le craquement de la neige sous le pas de nombreux chevaux lui fit relever la tête. Il parcourut du regard le groupe des belles jeunes femmes qui le considéraient curieusement, puis, le fixa longuement sur Narda.

— Veux-tu aller à la guerre ? questionna-t-elle.

— Non.

Le marteau se remit en mouvement.

— Pourquoi ne sers-tu pas le czar ?

— J’aime la liberté et je hais le czar.

Les coups tombaient furieux sur la barre de fer.

Narda vint tout près.

— Comment te nommes-tu ?

— Iégor.

— Me hais-tu, moi aussi ?

— Je hais tous ceux qui ornent leurs vêtements