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Page:Sacher-Masoch - La Femme séparée, 1881.djvu/205

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LA FEMME SÉPARÉE

mon retour. Je monte l’escalier, sans reprendre haleine ; la porte s’ouvre.

» — Anna !

» — Julian !

» Elle s’élance à ma rencontre, les bras grands ouverts. Et moi…, j’hésite. Je la contemple, stupéfait, je passe timidement mon bras autour de sa taille, tandis qu’elle approche ses lèvres de ma bouche, frénétiquement.

» — Te voilà ! tu m’es rendu, bien-aimé ! s’écrie-t-elle. Ah ! je ne te laisserai plus partir jamais, jamais plus.

» Je la regarde, ébloui, et je ne parle pas. Jamais je ne l’ai vue si belle. Elle s’appuie sur mon cœur, elle me cajole. Je ne puis prononcer un mot.

» — Est-ce que je ne te plais pas ? demande-t-elle enfin avec une anxiété ravissante. Tu es si drôle !…

» — J’avais oublié combien tu es belle, murmurai-je. Tu m’humilies, vois-tu, je tremble.

» — Doux ange, dit-elle, viens !

» Je voulus m’asseoir dans un fauteuil.

» — Non, viens près de moi.

» Elle m’attira à elle sur une ottomane, et se mit à jouer avec mes cheveux. Je la contemplais toujours, en extase.

» Une robe de soie très claire enveloppait sa taille et tombait en plis charmants sur ses petites mules