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Page:Sacher-Masoch - La Femme séparée, 1881.djvu/296

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LA FEMME SÉPARÉE

du coude en chuchotant. Moi seule, je croyais tout ; pour moi, il était encore le héros, le martyr, le cœur noble, qui, conscient de ses torts, n’avait pas voulu tirer sur l’ami. J’étais comme Titania, je ne voyais pas la tête d’âne.

Quand Mezischewski remarqua qu’il n’arrivait à rien, malgré ses lettres, il essaya d’un autre moyen. Il cessa de venir sans motifs et ne donna plus de ses nouvelles. Une angoisse dévorante s’empara de moi.

— Il est capable de se tuer, dis-je à Julian profondément inquiète.

— Tu crois donc toujours à lui ? dit Julian avec une sorte d’impatience. Tu aimes donc vraiment ce pleurnicheur, ce vaurien, ce lâche et misérable garçon pharmacien ?

— Lui, pharmacien, jamais ! Je le connais mieux que vous, m’écriai-je. Il est… Oh ! pourquoi dois-je me taire ! Mais c’est son secret. Ne cherche pas à l’avilir. Tu le rends par là plus estimable à mes yeux.

— Tu… tu estimes… cet homme ? demanda Julian tremblant de colère.

Chacune de ses paroles sortait avec effort de sa bouche.

— Je l’estime.

Julian tomba sur une chaise et couvrit son visage