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Page:Sacher-Masoch - Le legs de Caïn, 1874.djvu/225

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plaisamment faiblesse féminine. Il faut que les femmes soient habituées à comprendre que les lois de l’honneur sont les mêmes pour les deux sexes ; alors seulement l’union sera possible sur le pied de l’égalité. Comme elles sont élevées aujourd’hui, peut-on leur reconnaître leurs droits naturels ?

— Eh bien ! il faut alors t’élever une compagne toi-même.

Il me regarda d’un air surpris. — Tu as peut-être raison, dit-il enfin ; mais voici Iendrik qui bâille dans l’antichambre, et toi aussi, tu as déjà les yeux tout petits. Bonne nuit, mon ami !

— Bonne nuit !

II

Nous nous séparâmes. Quand je le revis le lendemain à l’heure du déjeuner : — Figure-toi, me dit-il, cette nuit j’ai rêvé, les yeux ouverts ; j’ai vu ma nourrice assise près de mon lit et me racontant sa légende, et à ses pieds était assis le Bonheur, — une femme jeune et belle ; ce qui me surprit, c’est que ses cheveux n’étaient pas blonds, mais châtains ; elle avait un fuseau à la main et filait. Je m’appuyai sur le coude pour mieux contempler ce ravissant visage inconnu, lorsqu’elle leva les yeux sur moi, et à ses yeux je la reconnus…

— Oui, elle a des yeux bleus, dit tranquillement le vieux serviteur en passant sa serviette sur le dossier de la chaise du comte.

— Es-tu fou ? reprit celui-ci ; de qui parles-tu ? Qui est-ce qui a des yeux bleus ?