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Page:Sacher-Masoch - Le legs de Caïn, 1874.djvu/273

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as compris, n’est-ce pas ? que depuis quelque temps nous nous sommes un peu relâchés de nos habitudes de travail, parce qu’elle doit éviter de se fatiguer ? En revanche, nous lisons beaucoup.

» Adieu ! Ne nous oublie pas.

» Ton Alexandre. »
« Lesno, 14 août 1858.

» Ma femme vient de me donner un garçon tout à fait splendide. Le soir, elle était encore assise avec moi sur la terrasse, riait et causait ; tout à coup elle se lève, rentre ; une heure après, l’enfant s’égosillait déjà comme un vrai rejeton de paysans qu’il est. Elle se porte à merveille et l’allaite elle-même : je le vois boire sans jalousie, le petit fripon, à ce beau sein si plein de santé, que j’envierais à tout autre que mon héritier. Et le père Tchornochenko et ma nourrice, toute la famille est là : on dirait que le miracle de Bethléem s’est renouvelé ; les paysans arrivent de leurs villages avec des offrandes, et demandent à voir l’enfant, — et Marcella ne se lasse pas de le montrer, et ne fait que sourire d’orgueil maternel et de félicité.

» Au baptême, le moutard recevra mon nom et le tien, car tu seras parrain, et le mari d’Ève, mon beau-frère, le tiendra sur les fonts à ta place.

» Ah ! mon ami, je suis bien heureux.

» À toi de cœur, A. »