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Page:Sacher-Masoch - Sascha et Saschka (suivi de) La Mère de Dieu, 1886.djvu/36

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SASCHA ET SASCHKA.

cha aimait à se trouver assis près de la table, à la lueur de la lampe, tandis que Spiridia s’appuyait doucement contre lui ! Souvent, un bras passé autour de son cou, elle lisait par-dessus son épaule dans le livre que le curé tenait ouvert, tandis qu’elle lui adressait de temps à autre les questions les plus amusantes, puis le remerciait par un baiser de ses lèvres vermeilles de tous les renseignements qu’il lui donnait.

Au printemps Spiridia transforma en petit jardin le carré de gazon où se trouvaient les pruniers. Sascha laboura lui-même son champ, tandis que la jeune femme guidait le cheval qu’elle avait acheté avec ses économies de l’hiver. Au cheval on ajouta bientôt une seconde vache laitière, puis un porc, deux canards et deux oies. Un jour, la jeune ménagère revint fièrement du marché du village voisin avec un superbe coq, et la cour ne tarda pas à fourmiller de toute sorte de volatiles nouvellement éclos. On sema du froment, de l’avoine et du maïs, on planta des pommes de terre, le tout en quantité suffisante pour les besoins du ménage, et, comme tout réussit à merveille, les jeunes gens se crurent vraiment au paradis.

Le temps de la moisson approchait ; le desservant venait de se rendre à l’autel pour y bénir un mariage ; des musiciens faisaient retentir de mauvais accords sur leurs violons à la porte de l’église, lorsqu’une jeune paysanne entra soudain en criant :

« Très révérend Monsieur ! très révérend Monsieur ! votre honorable épouse vient de mettre au monde un petit garçon ! »

Il s’ensuivit un grand tumulte ; Sascha quitta