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Page:Sacher-Masoch - Sascha et Saschka (suivi de) La Mère de Dieu, 1886.djvu/60

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SASCHA ET SASCHKA.

senter le volant qu’elle avait laissé tomber, et, chaque fois que leurs doigts se rencontraient, ils ressentaient tous deux une certaine émotion, et une légère rougeur se répandait rapidement sur le visage aimablement mutin de Marga.

On se promena encore pendant quelque temps au jardin ; puis, quand le jour commença à baisser, on retourna au château pour achever la soirée en jouant aux gages.

Plus Marga voyait que Saschka n’était point ce fils de pope rustaud et aux manières empruntées qu’elle s’était attendue à voir, plus elle se ressentait de contrariété, et elle finit par chercher à lui jouer quelque tour.

L’occasion s’en présenta bientôt. On se disposait à racheter les gages. Saschka s’était vu obligé d’en donner un à son tour. Il remarqua que Bartezki, jeune noble polonais, murmurait quelques mots à l’oreille de Marga, et que celle-ci lui faisait en souriant un signe d’assentiment.

On fit alors quitter la chambre au fils de Sascha ; puis, quand on le rappela, il trouva toute la société assise et formant un grand cercle en face de la porte. Au centre se trouvait une place vide entre Vanda et sa sœur.

Saschka s’aperçut à l’instant qu’il s’agissait de lui faire subir une épreuve. Vanda et Marga se tenaient assises contre le mur sur deux sièges qui n’avaient pas de dossier et étaient couverts d’un tapis. Elles devaient se lever vivement au moment où le jeune homme s’assiérait entre elles, pour le faire tomber