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Page:Sacher-Masoch - Sascha et Saschka (suivi de) La Mère de Dieu, 1886.djvu/61

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SASCHA ET SASCHKA.

entre les deux chaises. Saschka connaissait cette ancienne coutume polonaise, dont les jeunes filles se servaient si souvent pour montrer par cette cruelle plaisanterie qu’elles ressemblent toutes à Brunehaut ; et quelle est celle qui ne lui ressemble pas un peu !

« Nous vous avons choisi pour notre roi, dit Bartezki, qui tenait à grand’peine son sérieux ; je vous invite donc à monter sur le trône. »

En parlant ainsi, il désignait la place vide entre les deux sœurs.

« Je vous prie de m’excuser, repartit Saschka en souriant, je ne suis nullement digne d’un tel honneur.

— Vous êtes roi, s’écria Marga, et vous ne devez point refuser de vous rendre à notre choix. Prenez donc place et choisissez une reine.

— Allons, j’accepte, repartit Saschka avec gaieté : mais, si je suis un roi, je veux en être un véritable et non l’un de ces fantômes de rois polonais qui n’ont pas la force d’exercer le pouvoir. Je choisis donc pour reine Mlle Marga, et, comme je désire vivre en paix avec ma jolie épouse, j’abdique en faveur de M. Bartezki.

— Il est au courant de la plaisanterie, dit à demi-voix Marga en parlant à sa sœur.

— Allons, monsieur Bartezki, s’écria Saschka, montez sur le trône ! »

Le pauvre garçon se récusa, mais ce fut en vain ; à la grande joie de tout le monde deux jolies jeunes filles qui s’étaient emparées de lui le forcèrent à s’asseoir sur le siège suspect ; Marga et Vanda se le-