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Page:Sade, Bourdin - Correspondance inédite du marquis de Sade, 1929.djvu/267

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MARQUIS DE SADE — 1784
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Et voilà la raison. C’est que ce titre ne les autorise que de traiter de gré à gré avec l’habitant, c’est-à-dire que l’on ne peut pas forcer l’habitant à vendre son arbre parce que, s’il[1] demande cent écus, il faut que l’acheteur les lui donne ou qu’il laisse l’arbre en place.

Par les droits du comté de Provence, les propriétaires sont libres de[2] vendre ou ne pas vendre leurs arbres au roi qui ne peut les y forcer. En le prenant sur ce ton-là, ils ne couperont aucun arbre. Ces gens-là ont fait un marché à Toulon par lequel le roi leur paie les arbres sept à huit livres le pied cube et ils les achètent de nos côté six à douze sols, de sorte que, ôté l’achat et le transport, il leur reste encore six livres au moins par pied cube de profit. De plus, au lieu de fournir les arbres pour le roi, la plus grande partie est vendue pour les vaisseaux marchands et l’arbre le plus beau du pays, après qu’ils l’ont coupé, par la manière dont ils l’arrangent, le propriétaire n’en retire tout au plus [que] six livres. Dites de ma part à la communauté que, par intérêt pour eux et pour moi, je leur conseille très fort de ne vendre aucun arbre et que certainement, pour ceux de M. de Sade, ils n’en couperont aucun……


M. de Sade veut que la pension payée à une de ses tantes religieuses, dont il a appris la mort, soit reversée sur la tête des deux autres avec droit d’accroissement pour la survivante. (3 février 1784).

Je viens d’apprendre par madame de Sade, monsieur, que j’avais eu le malheur de perdre une de mes tantes[3].

Mon intention est que la pension dont jouissait cette tante soit partagée entre les deux qui me restent (j’entends les deux religieuses)[4]. Vous voudrez bien leur en tenir compte, je vous en prie, monsieur, à compter du jour du décès de celle qui est morte, en telle sorte que le petit revenu n’ait jamais eu un instant de vacance, et que, du moment où il a cessé d’être mis aux mains de madame de la Coste, il passe en parties égales entre celles des deux dames de Saint-Benoît et de Saint-Bernard. Vous voudrez bien, en exécutant mes ordres ponctuellement sur cet objet, leur en faire part aussitôt, en leur faisant mille excuses de ma part de ce que mes malheurs et la médiocrité de ma fortune ne me permettent pas de leur témoigner mon attachement et mon respect d’une manière plus honnête et plus analogue à mon cœur.

Si je venais à éprouver une seconde perte semblable à celle-ci, vous agiriez, pour celle de mes tantes qui me resterait, de la même manière que je vous indique ici, en sorte que la dernière vivante se trouve toujours

  1. « Si il », dans le texte ; la marquise ne fait jamais l’élision.
  2. « D’en », dans le texte.
  3. La tante qui est morte est madame Saint-Laurent, la bénédictine.
  4. La quatrième tante du marquis, madame de Villeneuve, reste étrangère à cette disposition.