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Page:Sade, Bourdin - Correspondance inédite du marquis de Sade, 1929.djvu/434

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CORRESPONDANCE INÉDITE DU


d’où vous voyez que les différentes augmentations que vous m’avez fait proposer depuis étaient parfaitement inutiles. Dès le vingt-trois ventôse au matin, j’écrivis à Gaufridy de suspendre toute vente, et voilà quel était mon motif : j’avais fait affaire avec un autre, et j’y avais gagné vingt mille francs. Que Gaufridy vous montre ma lettre datée du vingt-trois ventôse, et qu’il a sûrement reçue puisque j’avais pris la précaution de la faire charger, vous y verrez bien positivement les mots : « Suspendez toute vente attendu que, venant de trouver soixante mille francs de ma bastide, je ne puis la laisser ni pour quarante ni pour quarante-cinq », et depuis je n’ai jamais changé de langage. Le pouvai-je, puisque la bastide était vendue ? Par une autre lettre du vingt-sept ventôse, également chargée, j’ai renvoyé à Gaufridy neuf mille vingt-deux francs à compte d’une somme de vingt-deux mille deux cent soixante-seize francs que vous lui aviez dit de m’envoyer à compte du prix de cette bastide. Ce renvoi fait sur le champ vous prouvait que je ne pouvais conclure avec vous. À l’égard des treize mille deux cent cinquante-quatre francs restants, je les ai gardés pour éviter les frais et les dangers du renvoi et, sachant que Gaufridy avait au moins (si ce n’est plus) cette somme à me faire passer sur mes revenus dans le cours du reste de l’année 1795 (v. s.), je l’ai chargé de vous compter directement, afin que vous receviez, et sans frais, et sans risque.

Je suis désespéré, citoyen, de n’avoir pu conclure avec vous. S’il n’avait été question que d’un millier d’écus, la confiance et l’amitié que j’ai pour Gaufridy m’auraient certainement fait passer par dessus, mais quinze à vingt mille livres valaient la peine d’y prendre garde, et Gaufridy lui-même a trop d’attachement, et à ma personne, et à mes intérêts, pour avoir voulu me faire finir une autre ou une aussi mauvaise affaire. Si je puis vous être bon à quelque chose dans Paris, je vous prie, citoyen, de ne me point épargner et de me croire avec estime, et fraternité votre concitoyen. Sade.


Le marquis écrit, sur papier timbré, à Gaufridy pour lui exposer à quelles conditions son beau-frère Archias pourra encore devenir acquéreur de la bastide de Saumane.

Le désir que j’ai de donner à cette lettre-ci le plus de force et d’authenticité possible, mon cher citoyen, et l’intention où je suis qu’elle annule par son contenu tout ce qui a été précédemment écrit à ce sujet, et notamment ma dernière chargée, en date du dix-sept germinal, par laquelle je vous enjoignais de ne point vendre[1]…… fait que je vous écris la présente sur papier timbré. Elle va contenir mes dernières intentions après lesquelles vous trouverez bon que je ne vous parle plus de cette affaire. Je vous rappellerai à ma lettre timbrée et tout sera fini…… Certes je ne manque pas d’acquéreurs, et, quand je vous offre de finir avec les vôtres, je puis, sans

  1. Déchirure.