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Page:Sade, Bourdin - Correspondance inédite du marquis de Sade, 1929.djvu/435

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MARQUIS DE SADE — AN III.
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me vanter, vous répondre que c’est bien une préférence que je vous donne ; il fallait assurément que cette bastide fût bien connue et sa vente bien publique, puisqu’il est vrai qu’il n’y a pas un Provençal à Paris qui, chaque jour, ne vienne me faire des offres, et je vous jure et proteste que, parmi toutes, j’en ai aujourd’hui une de soixante-cinq mille livres, mais je n’en profiterai point pour rompre avec vous et cette bastide est à vos acquéreurs, s’ils veulent accepter les conditions suivantes :

Conditions expresses de la vente et sans l’accord desquelles il n’y a rien de fait :

1o Il sera compté soixante et un mille francs de la bastide en question, exactement et positivement en réponse à celle-ci car je n’attendrai cette réponse que jusqu’au vingt floréal prochain, après laquelle époque la bastide sera vendue à un autre.

2o Cette somme, bien assurée à la poste, me sera envoyée par lettre de change à mon ordre et à vue sur de bons négociants de Paris et sans aucune retenue.

3o La somme de treize mille deux cent cinquante-quatre francs que j’ai gardée ne sera ni imputée ni retranchée sur celle de soixante et un mille francs que je demande ; elle me sera prêtée par les acquéreurs auxquels le citoyen Gaufridy sera tenu de la rendre partiellement et à mesure qu’il recevra de mes fermiers jusqu’à concurrence ; il sera fait de ce prêt un acte particulier en faveur des prêteurs dans lequel on comprendra, si l’on veut, les intérêts et dans lequel on statuera l’unique mode de remboursement partiel que j’indique ici.

4o La récolte pendante et tous les fruits à prétendre jusqu’au premier janvier m’appartiendront et l’acquéreur n’entrera en jouissance qu’à la dite époque du premier janvier 1796 (v. s.)

Telles sont les seules conditions auxquelles je veuille et puisse vendre ma bastide, et vous remarquerez bien qu’au vingt floréal elle est vendue si je n’ai pas les soixante et une mille livres complètes sur mon bureau.

Sade.

Ce 20 germinal de la 3e année républicaine.


Le marquis annonce le succès de sa petite opération et console l’avocat. (12 floréal).

Je m’empresse de vous apprendre, mon cher citoyen, que voilà, Dieu merci, toute discussion terminée relativement à la bastide. Vous n’avez jamais voulu comprendre, et j’espère cependant que vous comprenez à présent, que toute la discussion roulait sur le besoin que j’avais de garder les treize mille deux cent cinquante-quatre francs primitivement envoyés. Vous vouliez que je les gardasse à compte, et moi je ne voulais pas qu’ils entras-