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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/106

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étions, malgré l’extrême chaleur, partis à trois heures et demie, dans le dessein de traverser un petit angle de la forêt, derrière lequel se trouve un hameau charmant, où ton Aline a une bonne amie, nommée Colette qui lui donne toujours d’excellent lait… on voulait donc aller goûter du lait de Colette ; mais il fallait se presser ; on ne voulait pas repasser le bois la nuit, et cette nuit qu’on craignait, devait étendre ses voiles lugubres à près de sept heures. Il y a deux lieues de Vertfeuille chez Colette ; ainsi, pas un moment à perdre. Tout allait le mieux du monde jusqu’au hameau ; on arriva à cinq heures et demie, chez la jolie laitière ; on but son lait. Aline qui lui portait plein ses poches de babioles qu’elle savait faites pour lui plaire, en fut reçue comme tu l’imagines ; mais toutes les montres marquaient six heures, il s’agissait de partir en diligence… On se quitta donc tout en me grondant, tout en disant qu’on avait à peine le tems de respirer… que j’étais plus effrayé que les femmes, et