Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/109

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prochai d’elle, et lui parlant avec douceur, je parvins promptement à la tranquilliser. Pardon, lui dis-je, Mademoiselle, je n’ai le tems ni de vous écouter ni de vous secourir, je dois rejoindre des dames qui m’attendent ici près, que je ne puis abandonner seules à l’entrée de la nuit, et que vos cris viennent d’effrayer ; votre position me paraît embarrassante ; suivez-moi, emportez cette petite créature, donnez moi le bras et partons. Qui que vous soyez, me dit l’inconnue, vos soins me sont précieux, mais je n’ose en profiter, je voudrais aller au village de Berseuil, daignez m’en montrer la route, je suis assurée d’y trouver des secours. — Je ne connais point de village de Berseuil dans ces environs, je ne puis vous offrir pour le présent que ce que je viens de vous dire, acceptez-le, croyez-moi, ou je vais être obligé de vous quitter. — Alors cette pauvre fille ramasse son enfant ; elle le baise. Malheureuse créature, s’écria-t-elle en l’entortillant d’un mouchoir et le plaçant dans son jupon,