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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/115

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lais la joindre quand vous m’avez trouvée ; elle m’a servi de nourrice, et m’a prévenue, dès que je pus entendre raison, qu’elle n’était point ma mère, et que je n’étais chez elle qu’en pension. Jusqu’à l’âge de treize ans, je n’ai eu d’autre visite que celle d’un monsieur qui venait de Paris, le même, à ce que dit Isabeau, qui m’avait apporté chez elle, et qu’elle m’assura secrétement être mon père. Rien de plus simple et de plus monotone que l’histoire de mes premiers ans, jusqu’à l’epoque fatale où l’on m’arracha de l’asyle de l’innocence, pour me précipiter malgré moi, dans l’abyme de la débauche et du vice.

J’allais atteindre ma treizième année, lorsque l’homme dont je vous parle vint me trouver pour la dernière avec un de ses amis du même âge que lui, c’est-à-dire d’environ cinquante ans. Il firent retirer Isabeau et m’examinèrent tous deux avec la grande attention ; l’ami de celui que je devais prendre pour mon père fit beaucoup d’éloges de moi… j’étais selon lui char-