Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/116

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mante, faite à peindre… hélas ! c’était la première fois que je l’entendais dire, je n’imaginais pas que ces dons de la nature dussent devenir l’origine de ma perte… qu’ils dussent être la cause de tous mes malheurs ! L’examen des deux amis était entremêlé de légères caresses ; quelquefois même on s’en permettait où la décence n’était rien moins que respectée… ensuite tous deux se parlaient bas… je les vis même rire… eh quoi ! la gaîté peut donc naître où se médite le crime ! l’ame peut donc s’épanouir au millieu des complots formés contre l’innocence. Tristes effets de la corruption ! que j’étais loin d’en augurer les suites ! Elles devaient être bien amères pour moi. On fit revenir Isabeau… Nous allons vous enlever votre jeune élève, dit M. Delcour, (c’est le nom de celui qu’on m’avait dit de regarder en père) elle plait à M. de Mirville, dit-il, et montrant son ami, il va la conduire à sa femme qui en prendra soin comme de sa fille… Isabeau se mit à pleurer, et me jettant dans ses