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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/242

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dès le premier jour de ta naissance, — puis s’adressant rapidement à Dolbourg,  et vous, monsieur, oserez-vous enfoncer plus avant le poignard dans le cœur d’une malheureuse mère, oserez-vous désirer pour votre femme, l’une de ses filles, après avoir fait votre maîtresse de l’autre ? Puis saisissant l’embarras de son époux, aux pieds duquel était Sophie, laissez parler votre cœur, monsieur, tout est su, ne refusez plus d’ouvrir vos bras à cette malheureuse Claire que vous m’enlevâtes au berceau, la voilà, monsieur, la voilà, victime de vos procédés, trompée sur sa naissance, qu’elle ne voie pas toujours en vous le corrupteur de ses jeunes années, et montrez-lui le cœur d’un père, pour lui faire oublier son bourreau.

C’est ici, mon ami, que l’art de la plus profonde scélératesse, est venu disposer les muscles de la physionomie de ces deux indignes mortels, c’est ici que nous avons pu nous convaincre que l’âme d’un libertin n’a pas une seule faculté qui ne soit