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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/281

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une espèce de fraude malhonnête à laisser subsister celle de la nourrice, que c’est frustrer les véritables héritiers de madame de Kerneuil, et prendre par conséquent un parti blamable. Mais en adoptant l’autre, que de nouveaux crimes à redouter ; est-il donc contre la conscience de l’honnête homme de prendre entre deux maux certains, celui qui lui paraît le moins dangereux. Pour quant au président tu vois, mon ami, que le crime n’en est pas moins dans son ame, et que s’il ne l’a pas commis, c’est qu’il a trouvé des entraves par le crime opposé de la Claudine, comme si c’était une des loix du sort, que de petits forfaits dussent toujours arrêter l’effet des plus grands… vérité terrible qui nous fait voir l’affreuse nécessité du mal sur la terre, qui nous démontre que ce ne sont que par de légers maux que les plus grands se suspendent ; ainsi que de certains insectes qui nous gênent et dont néanmoins l’utile existence nous empêche d’être incommodés par de plus venimeux.