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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/303

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douces dans nos situations ; ces momens, mon ami, ces instans délicieux, où l’on fuit l’univers, où l’on s’enfonce dans un antre obscur, ou dans le plus épais d’un bois pour y pleurer tout à son aise,… l’on se replie sous tous les sens de son malheur, l’on se rappelle tout ce qui l’aggrave, l’on prévoit tout ce qui va l’accroître, l’on s’en abreuve, l’on s’en repaît… Ces tendres souvenirs des jours de notre enfance, l’on ne les connaissait point encore, ces longues et pénibles réminiscences sur les divers événemens qui nous y ont plongé, ces sombres craintes de le sentir nous accompagner jusqu’à la mort,… de voir ouvrir notre cercueil par les mains livides de l’infortune,… et près de tout cela, cet espoir si doux d’un Dieu consolateur, aux pieds duquel vont se sécher nos larmes, et commencer toutes nos joies ;… quoi, mon ami, tout cela ne sont pas des voluptés ? Ah ! ce sont celles d’une