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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/311

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qui lui est réservé, ne sera-t-il pas toujours préférable à celui que je pourrais lui faire, comme cadette ?… Et les inconvéniens de la rendre à un père qui peut-être, ou ne voudra pas la reconnaître, ou ne verra dans elle qu’une victime de plus à son insigne libertinage……; ces dangers effrayans, les comptez-vous pour rien Valcour ?… Non, j’aime mieux la laisser où elle est ; que je sache seulement qu’elle est heureuse ; que je puisse faire connaissance avec elle, la voir une fois, l’aimer toujours, et je me croirai trop contente ; mais si cette faible jouissance est refusée à mon ame tendre,… oh, Valcour ! je serai encore bien infortunée ; heureusement je sais l’être, et mon cœur est dans un tel état d’abattement qu’une secousse de plus ou de moins n’est absolument rien pour lui. Il y a l’histoire des biens qui chagrine un peu ma conscience ; puis-je laisser ma fille jouir d’une fortune qui ne lui appartient pas ? dois-je en priver les héritiers légitimes ? Non, sans doute ; cette circonstance vous a