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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/315

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l’on voudra, je serai par-tout pénétrée de reconnaissance des bontés de la dame qui veut bien ne pas m’abandonner ;… dès que je l’ai su dans cet état, j’ai couru l’embrasser, elle s’est précipitée dans mes bras, toute en pleurs, et m’a prodigué les choses les plus tendres et les plus flatteuses ; en vérité, mon ami, il y a des instans où mon cœur l’emporte sur les réalités que vous nous avez apprises… Il est impossible que les vertus de cette ame charmante se trouvent dans la fille d’une paysanne dépravée, telle que vous nous avez peint cette Claudine. Mais il fallait s’en tenir au preuves et l’arracher ; nous l’avons donc, Aline et moi, avant-hier conduite aux Ursulines d’Orléans dont je connais la supérieure, je l’ai recommandée comme une parente, et placée sous le nom d’Isabelle-des-Ganges, avec mille livres de rentes, dont l’acte lui a été passé sur-le-champ, je n’ai point caché mes motifs de mystère à la supérieure, j’y ai intéressé sa religion et sa pitié, elle ne communiquera qu’avec moi pour tout