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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/322

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Le comte de Beaulé est revenu nous voir, je l’aime, il vous estime, oh, mon ami ! quel titre pour être chéri de moi ! J’étais d’avis que ma mère lui confia nos peines… Peut-être le fera-t-elle ; assurément il nous servirait de tout son pouvoir. Julie me disait hier que c’était un ancien amant de ma mère… Quelle histoire ! j’en ai ri, le comte est bien plus vieux ; mais il était jeune encore, quand ma mère entrait dans le monde, et ils se connaissent depuis cette époque… Ah ! si jamais cette femme respectable avait due s’écarter des devoirs pénibles et rigoureux que lui imposoit le ciel, assurément le choix qu’elle aurait fait du comte aurait bien excusé ses erreurs. Oh, mon ami ! laissez-moi rire une minute avec vous, la joie est si peu souvent dans mon cœur, que vous devez bien un peu d’indulgence aux courts momens où je m’y livre ; mais si elle était vraie cette folie que je viens de dire, si j’étais la fille du comte de Beaulé…; je gage que vous l’aimeriez mieux… Allons… Je ne veux plus dire