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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/323

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d’extravagances, ma gaieté n’est pas assez bien revenue pour cela…, celles-ci sont tellement chimériques, que j’ai cru pouvoir me les permettre pour vous amuser un instant. S’il est une femme au monde à qui soit dû légitimement les titres de chaste et de vertueuse, on peut bien dire que c’est à celle-là ! et quel mérite elle avait à s’en rendre digne… Vous le savez, mon ami… Combien de fois lui ai-je vu déplorer dans mes bras le poids du fardeau dont elle était accablée… Si cet homme cruel se fut contenté de la négliger, elle eût trouvé dans son indifférence pour lui, des raisons de pardonner ces torts-là ; mais le pervers… Changeons de propos, c’est mon père, et je dois respecter dans lui jusqu’à ses écarts… Hélas ! je le ferais sans peine, si ces torts n’outrageaient pas la meilleure des mères ; mais ce que je dois à celle-ci, me fait quelquefois oublier ce qu’exige l’autre, et l’obligation de haïr le persécuteur de celle qui m’a porté dans son sein, vient souvent m’affranchir des sentimens