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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/332

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LETTRE XXXII.


Valcour à Aline.


Paris, ce 5 novembre.



Quel silence ! je n’ai osé le troubler, mais en étais-je plus tranquille…, s’il m’était possible de vous voir ! je souffrirais bien moins de ces privations de lettres…; mais vivre sans vous entendre et sans vous contempler, Aline !… concevez-vous la violence de ce supplice ? et pourquoi ne vous verrais-je ? pourquoi ne m’accorderiez-vous pas une minute ? je sens toute l’étendue de la demande, je ne me rappelle qu’en tremblant qu’elle m’a déjà été refusée ; mais je trouve dans la force de mon amour, le courage de la refaire encore… Pendant ces longues soirées… J’arriverais déguisé… Le plus profond mystère ensevelirait cette démarche… Je me jetterais un instant… un seul instant aux pieds de votre respec-