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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/333

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table mère et aux vôtres, quel calme répandrait cette minute de bonheur sur le reste des jours malheureux que je dois passer encore loin de vous. Pouvez-vous exiger que ces jours…, ces jours infortunés qui vous sont consacrés, s’usent ainsi dans les larmes et la douleur ?… Ah ! qu’il me soit permis d’acheter au prix de mon sang cette faveur que j’ose implorer !… que je la paye de ma vie s’il le faut, je ne veux exister que ce seul intervalle, et j’abandonne, sans regrets, tous les momens qui doivent le suivre. Que me sont ceux où je suis condamné à vivre sans vous ! envain, Aline…, envain fais-je tout ce que je peux pour éloigner de moi ce désir violent, il renaît sans cesse dans mon cœur, toutes mes idées me le ramènent, je dois mourir ou le satisfaire… ce qui me distraisait autrefois, m’est à charge ; je parcours les beautés de la nature…; je l’étudie, je cherche à la surprendre dans ses secrets, et elle ne me montre jamais que mon Aline. Ayez pitié de votre ouvrage, ne me punissez pas de