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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/70

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paix ce qu’il plairait au ciel de décider pour moi. Ce fut pendant ce cruel désœuvrement que le goût de la littérature et des arts vint remplacer dans mon âme cette frivolité, cette fougue impétueuse qui m’entraînait auparavant, dans des plaisirs, et bien moins doux, et bien plus dangereux. Rousseau vivait je fus le voir, il avait connu ma famille, il me reçut avec cette aménité, cette honnêteté franche, compagnes inséparables du génie et des talens supérieurs ; il loua, il encouragea le projet qu’il me vit former de renoncer à tout pour me livrer totalement à l’étude des lettres et de la philosophie, il y guida mes jeunes ans, et m’apprit à séparer la véritable vertu des systèmes odieux sous lesquels on l’étouffe…. « Mon ami, me disait-il un jour, dès que les rayons de la vertu éclairèrent les hommes, trop éblouis de leur éclat, ils opposèrent à ses flots lumineux les préjugés de la superstition, il ne lui resta plus de sanctuaire que le fond du cœur de l’honnête homme. Deteste le vice, sois juste, aime tes semblables, éclaire-les, tu la sentiras doucement reposer