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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/71

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dans ton âme, et te consoler chaque jour de l’orgueil du riche et de la stupidité du despote ».

Ce fut dans la conversation de ce philosophe profond, de cet ami véritable de la nature et des hommes, que je puisai cette passion dominante qui m’a depuis toujours entraîné vers la littérature et les arts, et qui me les fait aujourd’hui préférer à tous les autres plaisirs de la vie, excepté celui d’adorer mon Aline. Eh ! qui pourrait renoncer à ce plaisir dès qu’il le connaît ; celui qui peut fixer ses regards sur elle sans frissonner du trouble de l’amour, ne mérite plus la qualité d’homme ; il la déshonore et l’avilit dès qu’il n’est plus sensible à de tels charmes.

Les lettres de Déterville étaient cependant toujours à-peu-près les mêmes ; rien ne transpirait, mais mon absence étonnait tout le monde, et beaucoup de gens se permettaient d’en raisonner d’une manière aussi fausse que pleine de calomnie ; mon ami savait que le trouble s’était mis dans mes biens, il était presque sûr que ma com-