Aller au contenu

Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/85

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prend l’art de feindre et de tromper les hommes. Jette les yeux sur la multitude de détours que nous savons mettre en usage quand il s’agit, par exemple, de faire périr un innocent. Sur la quantité de faussetés, de mensonges, de subornations, de pièges, de manœuvres insidieuses que nous employons habilement en pareilles circonstances, et tu verras que tout cela nous forme au métier des ruses, et à la science d’amener les événemens au but que nous nous proposons. Je rirais bien de toi, s’il te fallait entreprendre, seul cette grande aventure, et réussir seul. Tu irais-là avec une candeur… une vérité… pas une malheureuse petite énigme, pas une seule tournure[1], pas un simulacre de feinte !

  1. Il y a apparence que le goût des robins pour les énigmes, les emblêmes et l’argent était le même du tems de Rabelais que de nos jours : voici comme il les peint dans son Pantagruel. « On arrêta à l’isle de condamnation (ce sont les parlemens.) Quelques-uns de nos gens ayant voulu descendre au guichet, y furent arrêtés par ordre de Gripe-minaud, archiduc des