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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/84

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barrasser fort peu du cœur d’une femme, pourvu qu’on ait sa personne et son argent. Si tu ne t’y prends pas mieux que cela, cependant, je crains que nous ne soyons réduits à emporter la citadelle d’assaut. Je t’aiderai à la battre en brêche, et pendant que tu formeras tes attaques, je te ménagerai des auxiliaires. Il arrive souvent que quand on a l’intention de se rendre maître d’une ville, on est obligé de s’emparer des hauteurs… on s’établit dans tout ce qui commande, et de-là on tombe sur la place sans redouter les résistances.

Ou bien on négocie… on tourne… on tergiverse
D’espoir ou de bonheur tour-à-tour on la berce.
Et si-tôt qu’on la tient, de sa crédulité
On la punit alors avec rigidité.

Ton imbécille franchise t’empêche de rien entendre à tout cela ; ce n’est pas que tu ne sois roué dans les formes, mais tu l’es avec trop de bonne foi. Tant qu’une porte ne s’ouvre point à deux battans, tu n’imagines pas qu’il puisse-y avoir de moyens de forcer les barricades ; je te l’ai dit cent fois, mon ami, ce n’est, que dans notre métier qu’on ap-