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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/183

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que de la volonté de l’héritière légitime ;… mais ma chère fille a formellement déclarée qu’elle ne ferait de grace à personne, et pas plus à celui-là qu’à un autre, d’où il résulte que ce malheureux homme qui vaut assurément mieux qu’elle, obligé de renoncer à un petit mariage que ce legs lui faisait faire, va se trouver contraint à reprendre la charrue ou à s’engager pour vivre. — Ce trait est infâme, il est bien assurément de la fille de monsieur le président de Blamont, mais je suis désolée qu’il soit de la mienne… Comment est-il possible d’être si dure, quand on a été aussi malheureuse ? je croyais que l’infortune entr’ouvrait l’ame, qu’en retraçant à l’esprit les maux que l’on avait souffert, elle rendait le cœur plus sensible à ceux que l’on voyait endurer… Je me trompais, le malheur endurcit, à force de s’être blazé à ses propres douleurs, on s’est accoutumé à ne plus s’émouvoir de celles d’autrui, et devenu impassible aux traits qui nous attaquent, on l’est également à ceux qui