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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/20

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que ce raisonnement est faible, et que les défauts de l’ouvrage ne prouvent rien contre l’existence de l’ouvrier, elle plaisante, elle dit qu’elle croit tant qu’on veut à cette existence, et qu’elle se la persuadera encore bien mieux quand elle sera riche et qu’elle n’aura plus de malheurs à craindre ; mais tout cela n’empêche pas qu’on ne la devine et qu’on ne la juge.

Examinons-nous ses vertus, je ne vois pas qu’elle ait même adoptée toutes celles dont les brigands qu’elle a fréquentés, lui ont donné des exemples ; et son ame, ou naturellement peu sensible, ou trop ébranlée par l’infortune, (tant il est vrai, quoiqu’on en dise, que l’école du malheur est la plus dangéreuse de toutes,) son ame, dis-je, se refuse à ce qui l’émeut, et n’admet en aucune manière les délices de la bienfaisance. Sans pitié, sa reconnaissance, sa générosité, ses facultés aimantes, excepté celles qui ont son mari pour objet, tous les sentimens qui naissent de l’ame, en un mot, sont chez elle plus maniérés