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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/21

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que sentis, et, peut-être en l’analysant davantage, en dégageant son être de ce vernis du monde, qui voile si bien tous les défauts dans une femme d’esprit, peut-être y démêlerait-on beaucoup de cruauté. L’insensibilité n’est pas naturelle dans une telle ame[1] ; Léonore ne peut pas être indifférente, il faut qu’elle ait absolument de grandes vertus ou de grands

  1. Il y a, dit Marmontel, un excès dans la sensibilité qui avoisine l’insensibilité, ne serait-ce pas là l’histoire du caractère de Léonore : une foule de délits naissent de ces excès, et ne sont que les résultats très-singuliers de ce dernier période de la sensibilité, les procédés les plus simples et les plus doux les réprimeraient, au lieu de cela on les punit, et ils se propagent. Ô massacreurs, enfermeurs, imbéciles, enfin de tous les règnes et de tous les gouvernemens, quand préférerez-vous la science de connaître l’homme à celle de le clôturer ou de le faire mourir !