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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/272

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mieux frapper les grands coups tout de suite, que d’employer des ménagemens qui ne servaient qu’à la déchirer en détail. Aline ! m’écriai-je… ô ma chère, Aline !… cette mère que nous adorons vous et moi,… ce tendre objet de nos inquiétudes mutuelles,… il faut absolument nous en séparer… Le trait l’ayant frappé sur la partie la plus sensible de l’ame, et l’ayant, pour ainsi dire, pétrifiée, elle me fixa ;… tout-à-coup ses yeux s’égarent, la stupidité s’imprime sur ses traits ; sa respiration devient vive et pressée, et la tête se dérange totalement… Je me repentis d’avoir été si vite ; je reconnus qu’elle n’était nullement préparée, et que malgré ses propos, elle s’était toujours fait illusion… Je l’approche,… elle me repousse avec un geste furieux ; et s’égarant de plus en plus,… elle me dit en balbutiant, d’aller chercher sa mère ;… que le déjeûner était servi sous le bosquet où nous étions… Hélas ! c’était malheureusement celui qui nous servait jadis à cet usage… Je sais bien qu’elle ne