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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/351

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encore assez garde, j’étais remplie de l’idée qu’elle voulait s’échapper, et que ce n’était qu’au cas où son projet ne put avoir lieu, qu’elle attenterait à ses jours, et je me résolvais bien alors, à ne la point perdre de vue. Elle récapitula tout ce qu’elle avait fait depuis que nous étions ensemble, ses espérances, ses craintes, ses inquiétudes, ses désirs, ses chagrins, ses momens de douceur… Elle n’oublia rien… Oh ! dit-elle après avoir fini… que c’est une chose courte que la vie,… il semble que tout cela ne soit qu’un songe. — Quatre heures sonnent… sors doucement, me dit-elle alors, va voir s’il serait possible de fuir ; examine le chemin jusqu’aux portes du château, s’il est libre, viens me chercher, et nous échapperons. — Mais ne vaudrait-il pas mieux, mademoiselle, que vous vinssiez avec moi ? — Non, si nous sommes surveillées, on irait dire que je veux me sauver, et ils accoureraient aussi-tôt exercer sur moi quelque nouvelle violence… Je sortis ;… à peine fus-je au détour du cor-