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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/94

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corder, puisque je me décidais à feindre… Je ne l’avais jamais vu si ardent…, si dépravé, devrais-je dire ; l’amour ou le sentiment dans de telles ames, n’est jamais que l’excès du désordre ; mais comme l’esprit de cet homme est sombre, même au sein de ses plus doux plaisirs… Écoutez un de ses propos[1]. « Que vous êtes belle, m’a-t-il dit en m’examinant sans voile… ; non, jamais la mort n’osera briser ce chef-d’œuvre. Vous ne subirez pas la loi des autres êtres… ces belles chairs ne se désuniront point. Jamais rien ne peut s’altérer en vous, et dans le dernier repos de la nature, vous lui servirez encore de modèle. » Et c’est à cette idée qu’il a dû le comble de ses plaisirs ; c’est cette idée délicatement horrible, qui a plongé ses sens dans l’ivresse.

Ô mon ami ! je ne sais, tout ceci m’allarme, ce changement si certain dans sa

  1. Voyez page 57 et 58, le président dit : Quelquefois même, je ne suis pas maître de mes propos, etc.