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Page:Sade - Cahiers personnels, Adélaïde de Brunswick, Pauvert, 1966.djvu/292

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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


pris, si tu osais en faire, de sûrs moyens pour que tu en devinsses à l’instant la victime.

Adélaïde suit son libérateur sans la plus légère réflexion ; elle atteint la voiture, s’y élance avec Dourlach, et les voilà bientôt dans le Tyrol, avec le projet de gagner Trente, lieu de la naissance du jeune baron. Tous trois, trop émus pour se parler, arrivent, sans se dire un mot, à Innsbruck où ils se reposent.

— Que je suis heureux, madame, dit alors le baron, d’avoir pu vous arracher aux horreurs qui vous attendaient ! Peut-être n’en eussiez-vous pas été quitte seulement pour la perte de votre honneur : le margrave furieux, et redoutant vos plaintes, vous eût inévitablement immolée. Heureusement prévenu de tout, j’ai tout osé pour rompre ses projets et lui imprimer, comme vous l’avez vu, une crainte vaine sans doute, mais que légitimait l’état de sa conscience. Pardon, madame, si je ne vous ai pas demandé votre avis sur le lieu où vous vouliez être conduite, mais j’avoue que je n’ai pensé qu’à ma propre sûreté, bien assuré que la vôtre ne pourrait être troublée partout où je trouverai la mienne. Je vous conduis dans ma famille, madame, et ce sera là où j’oserai vous demander la récompense du léger service que vous avez bien voulu accepter de moi.