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Page:Sade - Cahiers personnels, Adélaïde de Brunswick, Pauvert, 1966.djvu/293

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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK

— Combien vous la méritez, monsieur ! répondit Adélaïde, et combien vous devez être sûr d’obtenir de moi toute celle qu’il me sera possible de vous accorder !

Mais il était écrit au livre des destinées que la malheureuse princesse de Saxe ne devait sortir d’un danger que pour se précipiter dans un autre. Le ciel la poursuivait partout : on eût dit que la paix ne pouvait exister pour elle que dans le sein des tombeaux.

En sortant d’Innsbruck, nos voyageurs se dirigèrent sur Brixen, petite ville du Tyrol située au pied du mont Brenner, lieu très célèbre pour lors par les brigandages qui s’y exerçaient sous les ordres d’un chef aussi scélérat que sanguinaire et dont l’habitation se trouvait sur la pente de la montagne qui faisait face à l’Italie. La voiture se trouvait à deux milles de cette montagne, vers les six heures du soir, au mois de septembre, lorsqu’elle fut arrêtée tout à coup par quatre soldats de Krimpser, nom du chef insolent et cruel dont nous venons de parler.

— Où allez-vous ? demande un de ces bandits.

— À Brixen, répond Dourlach : laissez-nous voyager en paix, ou ce poignard fera jaillir de votre sein le sang impur qui vous porte au crime.

— Eh quoi ! un homme seul et deux misérables