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Page:Sade - Cahiers personnels, Adélaïde de Brunswick, Pauvert, 1966.djvu/399

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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


où ils se voyaient déjà avant la détention de la princesse ; trouvez-vous-y, prince, et si je vous trompe, que votre épée se plonge à l’instant dans mon sein.

On imagine bien que ce scélérat avait tout arrangé pour la réussite d’un tête-à-tête dans lequel il pouvait trouver tout ce qui devait l’amener à l’accomplissement de ses désirs.

Il lui paraissait essentiel de changer d’abord le lieu des conversations d’Adélaïde et de Thuringe. Depuis le retour de la princesse, on s’était vu dans ses appartements. Mersbourg en fit sentir le danger : il proposa de rétablir les rendez-vous à la volière, et les amants ne s’opposèrent point à un ancien ordre de choses qui paraissait avoir leur plus grande sûreté pour objet. En conséquence dès le lendemain, vers le coucher du soleil, Thuringe accourt où il sait que la princesse l’attend. À peine est-il auprès d’elle qu’il se précipite à ses genoux et la supplie de prononcer seulement qu’elle ne sera jamais à d’autre qu’à lui si elle vient à perdre son époux.

L’imprudente Adélaïde prononce ce coupable serment et le scelle du plus ardent baiser… Ô gage précieux d’un aussi tendre amour, deviez-vous, de vos feux, allumer le flambeau des furies !…

— Traître ! s’écrie Frédéric en saisissant Thu-