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Page:Sade - Histoire secrète d’Isabelle de Bavière, reine de France, Pauvert, 1968.djvu/308

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ISABELLE DE BAVIÈRE


une femme telle qu’Isabelle pour concevoir un pareil projet, et un homme aussi ambitieux que Henri pour l’exécuter. Mais plus la justice et la sagesse opposent de digues à l’ambition, plus cette terrible passion travaille à les rompre. Henri comprit néanmoins qu’il lui fallait ici autant de politique que de courage ; en conséquence, il ne demanda plus que la cession subite de la majeure partie de la France.

Isabelle était l’âme de toutes ces délibérations secrètes ; elle les dirigeait, elle en rectifiait les bases. Elle seule dictait aux ambassadeurs de Henri V tout ce qui pouvait le mieux parvenir à morceler la France ou plutôt à l’avilir en ne la plaçant qu’au second rang dans la réunion projetée, tout en couvrant d’humiliation et ses enfants et son malheureux époux. Mais dans quelles vues, ne cesse-t-on de demander, la reine agissait-elle ainsi ? Nous allons encore répondre à cette objection, quoique nous l’ayons déjà fait plusieurs fois, et principalement dans une conversation entre la reine et d’Arundel, où cette princesse elle-même développe ses motifs.

Avec le dérangement perpétuel de la santé de Charles, la reine pouvait-elle se flatter de le conserver ? Du moment où ce prince expirait, que devenait à la cour une reine douairière absolument