abandonnée à l’épouse qu’on choisissait à son fils ?
Pouvait-elle espérer de nourrir au second rang
toutes les passions qu’elle assouvissait au premier ?
Il fallait renoncer à tout, se retirer même de la
cour sans s’occuper davantage de ce qui s’y passait,
sans y prendre aucune espèce de part, et ne
plus voir qu’en simple particulière ce qu’elle n’envisageait
autrefois qu’en reine : était-ce, nous le
demandons, la femme la plus altière, la plus ambitieuse
de son siècle qui pouvait se soumettre à
cet état subalterne ? Mais, au contraire, ne conservait-elle
pas tous ses droits avec un prince qu’elle-même
conduirait en France et qui se trouvait
l’époux de celle de ses filles qu’elle aimait le mieux,
d’une fille qui servirait toujours et les volontés
et les passions de sa mère ? Cela ne valait-il pas
assurément beaucoup mieux que d’être une souveraine
sans pouvoirs, dont les torts se rappelleraient
tous les jours, et dont on finirait peut-être par se
défaire, si on lui reconnaissait encore quelques
penchants à ces mêmes torts. Par le moyen de sa
fille, elle conservait sur ce nouveau roi de France
tout l’empire qu’elle ne pouvait que perdre infailliblement,
étant veuve ou l’épouse d’un fou.
Le temps pressait : Charles, n’ayant que de très légers intervalles de raison, devait lui-même être nécessairement écarté des affaires si tôt que le