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Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/246

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ma compagne pour m’épargner des coups qui deviennent bien plus dangereux pour moi que pour elle, a la complaiſance de ſe baiſſer & de me garantir ainſi, en recevant elle-même des cinglons qui m’euſſent inévitablement bleſſée. Clément s’aperçoit de la ruſe, il dérange l’attitude ; — elle n’y gagnera rien, dit-il en colere, & ſi je veux bien épargner cette partie-là aujourd’hui, ce ne ſera que pour en moleſter une autre pour le moins auſſi délicate ; en me relevant je vis alors que tant d’infamies n’étaient pas faites envain, le débauché ſe trouvait dans le plus brillant état ; il n’en eſt que plus furieux ; il change d’arme, il ouvre une armoire où ſe trouvent pluſieurs martinets, il en ſort un à pointes de fer, qui me fait frémir. — Tiens, Théreſe, me dit-il en me le montrant, vois comme il eſt délicieux de fouetter avec cela… Tu le ſentiras… tu le ſentiras, friponne, mais pour l’inſtant je veux bien n’employer que celui-ci… Il était de cordeletes nouées à douze branches ; au bas de chaque était un nœud plus fort que les autres & de la groſſeur d’un noyau de prune. — Allons, la cavalcade !… la cavalcade ! dit-il à ſa nièce. Celle-ci qui ſavait de quoi il était queſtion, ſe met tout de ſuite à quatre pattes, les reins élevés le plus poſſible, en me diſant de l’imiter ; je le fais. Clément ſe met à cheval ſur mes reins, ſa tête du côté de ma croupe ; Armande, la ſienne préſentée ſe trouve en face